Angui Aimé : Déchiffrer l’histoire africaine à travers la fiction dans Valeur Relative...

Dans un monde où la mémoire se perd parfois entre les silences de l’histoire officielle, la littérature reste un formidable lieu de résistance et de relecture du passé. C’est à cet exercice exigeant que s’adonne le professeur Angui Aimé, invité de l’émission Valeur Relative, pour une immersion intellectuelle en terre guinéenne, au cœur des textes de l’écrivain Mohamed-Alioum Fantouré.

Enseignant au Département de Lettres Modernes à Abidjan, spécialiste des littératures africaines, de narratologie et des écritures contemporaines, le professeur Angui Aimé n’est pas seulement un théoricien. Il est un explorateur du verbe, un analyste passionné des textes où l’Afrique se raconte à voix basse, entre lignes, entre temps.

Son ouvrage, paru aux éditions L’Harmattan Paris, porte un titre à la fois académique et prometteur : « Thématique et techniques narratives dans l’œuvre romanesque d’un écrivain guinéen ». 

Il s’agit d’une étude approfondie consacrée à un auteur discret, souvent oublié des grandes anthologies : Mohamed Alioum Fantouré.

Ce travail minutieux est salué dès la préface par Marcellin Boka, qui décrit l’auteur comme « passant au scanner » l’œuvre romanesque de Fantouré. Et à juste titre. Le professeur Angui opère une véritable dissection narrative, divisant son analyse en deux grandes parties : l’une axée sur le contenu politique et historique, l’autre sur les mécanismes stylistiques et narratifs propres à l’écrivain.

Mais c’est bien la première partie, celle qui explore les pouvoirs politiques pré et post-indépendances en Afrique francophone qui retient particulièrement notre attention dans Valeur Relative. 

À travers les romans de Fantouré, c’est toute l’ambiguïté du système colonial et post-colonial guinéen qui se dévoile, et avec lui, le reflet d’une Afrique tiraillée entre promesses d’émancipation et dérives autoritaires.

Cette émission devient alors un voyage dans la mémoire, une plongée dans les non-dits de l’Histoire, révélés par le prisme de la fiction. Une démonstration brillante de la manière dont la littérature peut devenir outil de lucidité politique, miroir de société et levier de transmission.

À une époque où les récits africains peinent encore à occuper la place qui leur revient dans le grand récit mondial, le travail du professeur Angui Aimé apparaît comme une œuvre de réhabilitation. Il donne voix à un auteur trop souvent éclipsé, mais surtout, il donne du sens au silence, ce silence des nations post-coloniales qui cherchent encore à comprendre d’où elles viennent pour mieux savoir où aller.

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